Son Altesse Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, l’Émir de l’État du Qatar

Son Altesse Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani a pris ses fonctions d’Émir de l’État du Qatar le 25 juin 2013, à la suite de l’annonce par Son Altesse le Père Émir, Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani, dans un discours adressé au peuple qatarien, de sa décision de transmettre le pouvoir à son héritier et du serment d’allégeance à Son Altesse Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani par le peuple qatarien en tant que nouvel Émir.

L’Émir est le chef de l’État et le commandant en chef des forces armées du Qatar. Il représente l’État du Qatar dans toutes les affaires étrangères et nationales.

SE le Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani est né le 3 juin 1980. Il a effectué ses études secondaires à la Sherborne School au Royaume-Uni en 1997 et est diplômé de la Sandhurst Royal Military Academy au Royaume-Uni en 1998. Son Altesse le Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani a été nommé héritier de Son Altesse le Père Émir, Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani, le 5 août 2003.



Discours de Son Altesse l’Émir à la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies

Au nom d’Allah, le Très Clément, le Très Miséricordieux

Votre Excellence, Madame la Présidente de l'Assemblée générale,
Votre Excellence, Monsieur le Secrétaire général,
Honorable Audience,

 

Que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient sur vous. 

 

Il y a huit décennies, les Nations Unies ont été fondées sur un socle de règles et principes universels, fruit d’un consensus humain après deux guerres mondiales. Ces principes ont consacré la promotion de la paix et de la sécurité internationales, le respect de la dignité humaine et la souveraineté des États et leurs affaires intérieures, ainsi que la coopération entre les nations pour le bien commun de nos peuples et de l'humanité.

Le recul alarmant de la logique de cet ordre international au profit d’une logique de puissance signifie permettre à la loi de la jungle de s’installer. Et c’est

là où les notions de loi et de justice se trouvent vidées de leur sens et hors contexte, et où celui qui abuse se voit récompensé, simplement parce qu'il peut le faire.

C'est le nouveau réalisme politique, dont la définition a été réduite pour se limiter à la capacité d'imposer le fait accompli.

Il y a une grave myopie stratégique dans ce comportement. Celui qui abuse de sa position sur la scène internationale perçoit la tolérance comme une faiblesse, et interprète la retenue comme une forme d’impuissance.

Il est plus que jamais urgent de réaffirmer la primauté du droit international et de renforcer la légitimité et l’efficacité du système de sécurité collective tel qu’édicté dans la Charte des Nations Unies. 

 

Honorable Audience,

Comme vous le savez, le 9 septembre, Doha a fait l'objet d'une attaque préméditée ayant visé une réunion de la délégation de négociation du Hamas dans une résidence de l'un de ses membres, située dans un quartier résidentiel abritant des établissements scolaires et des missions diplomatiques. À la suite de cette agression, six martyrs sont tombés, dont un citoyen qatarien membre des Forces de Sécurité Intérieure -Lekhwiya-, et dix-huit autres ont été blessés.

Cette agression constitue une violation manifeste de la souveraineté d'un État, en contradiction flagrante et injustifiée avec les normes et les conventions internationales. Le monde entier a également été choqué par les circonstances de cet acte odieux, que nous avons, à juste titre, qualifié d’acte de terrorisme d'État.

Contrairement à ce qu’a affirmé le Premier ministre israélien, cette attaque ne saurait être considérée comme un exercice légitime du droit à la poursuite de terroristes où qu'ils se trouvent, mais plutôt une agression contre un État médiateur, pacifiste ayant toujours dévoué sa diplomatie à la résolution des conflits par des moyens pacifiques, et fait des efforts acharnés depuis deux ans pour parvenir à un règlement afin d'arrêter la guerre d'extermination menée contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza. Cette attaque constitue également une tentative d’éliminer des politiciens qui sont membres d'une délégation qui négocie avec Israël, qui étudient une feuille de route américaine pour y répondre. Comme vous le savez, le Qatar, en tant qu’état de médiation, accueille des délégations du Hamas et d'Israël pendant les négociations.

La médiation a déjà réalisé, en coopération avec l'Égypte sœur et les ÉtatsUnis d'Amérique, la libération de 148 otages. Nous avons continué à servir de médiateur, bien qu'Israël ait unilatéralement annulé la dernière trêve sans donner aucune justification, dans l’espoir d’obtenir un cessez-le-feu durable, la libération de tous les otages, le retrait des forces d'occupation de la bande de Gaza, la levée du blocus humanitaire sur Gaza ainsi que la libération des détenus palestiniens.

 Ils visitent notre pays et planifient de le bombarder, de négocier avec des délégations et prévoient d'assassiner ses membres. Il est difficile de traiter avec cette mentalité qui ne respecte pas les principes les plus simples dans les relations avec les humains. Prévoir l’action de ses agents est presque impossible. N'est-ce pas la définition d'un gouvernement paria ?

Un parti ne cherche à assassiner la délégation qu'il négocie sauf si son objectif est de contrecarrer les négociations. Les négociations ne sont, pour lui, qu'une continuation différente de la guerre et un moyen de tromper l'opinion publique israélienne.

Si le prix à payer pour libérer les otages israéliens est d'arrêter la guerre, le gouvernement d'Israël renonce à leur libération. Son véritable objectif est de détruire systématiquement la bande de Gaza, en la rendant invivable sur le plan sanitaire, éducatif, économique et social. C'est-à-dire qu'il n'y a plus d'éléments de vie humaine, en préparation au déplacement de sa population. C'est pour cette raison que son chef veut continuer la guerre. Il croit en ce qu'on appelle la terre entière d'Israël. Il voit la guerre comme une opportunité d'élargir les colonies et de changer le statu quo à Al-Haram Al-Sharif, et prévoit des annexions en Cisjordanie. Il ne fait plus aucun doute que le nettoyage ethnique, la modification de la réalité des territoires occupés, et même l'imposition de nouveaux faits sur le territoire, est l'objectif de cette guerre.

Cet assaut perfide contre la souveraineté d'un État du Golfe à des milliers de kilomètres a montré que le Premier ministre israélien, qui se vante d'avoir changé le profil du Moyen-Orient au cours des deux dernières années, a, en fait, l'intention qu'Israël intervienne où et quand il veut. Il rêve que la région arabe devienne une sphère d'influence israélienne. Les pays arabes et islamiques qui ont appelé et tenu un sommet à Doha ont mis en garde contre les conséquences de cette illusion dangereuse.

Israël n'est pas un État démocratique dans un environnement hostile comme le prétendent ses dirigeants, mais, en fait, il est hostile à son environnement, et impliqué dans la constitution d'un système d'apartheid et d’une guerre d’extermination. Le chef de son gouvernement est fier devant son peuple d'avoir empêché la création d'un État palestinien, et il lui promet que l'État palestinien ne sera pas établi à l'avenir. Il se vante d'empêcher la réalisation de la paix avec les Palestiniens et d’empêcher sa réalisation à l'avenir.

Israël est entouré de pays qui ont, soit signé un accord de paix, soit engagés dans l'initiative de paix arabe. Mais il ne se contente pas de compromis et de trêves, même de ceux basés sur les équilibres des forces. Il veut imposer sa volonté à son environnement arabe. Quiconque s'oppose à cela est soit terroriste, soit antisémite. C'est ce dont l'opinion publique, même dans les pays alliés à Israël, a pris conscience et rejeté. Ici, nous assistons à l'émergence d'un mouvement de solidarité mondiale similaire au mouvement mondial contre l'apartheid au siècle dernier.

À cette occasion, je voudrais exprimer ma gratitude pour la solidarité mondiale avec le Qatar, y compris la déclaration du Conseil de sécurité, qui a condamné l'agression à l’unanimité.

 

Honorable Audience,

L'État du Qatar a choisi de demeurer – comme il l’a toujours été- fidèle à ses engagements en se tenant du côté des valeurs et des principes sur lesquels la communauté internationale est censée être basée, en croyant en la possibilité de les réconcilier avec des intérêts lorsque la politique est rationnelle et réaliste, sans craindre d'élever la voix de la vérité lorsque le silence se profile, et en s'accrochant à la diplomatie lorsque les adversaires facilitent l'utilisation des armes.

Nous nous sommes engagés dans une médiation ardue pour mettre fin à la guerre, faciliter l’acheminement de l'aide humanitaire et libérer les prisonniers et les détenus en dépit des campagnes de désinformation dont nous faisons l’objet. Mais ces campagnes ne nous ont pas dissuadés de poursuivre nos efforts en partenariat avec la République arabe d'Égypte sœur et les États-Unis d'Amérique.

Nous sommes fermement convaincus qu'il est impossible d'atteindre la paix dans notre région sans que la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, ne prenne une position ferme en passant de sa soumission au rythme de l'occupation qui a imposé les faits dans ses guerres successives, à la résolution de la question palestinienne sur la base de la fin de l'occupation des territoires palestiniens et de permettre au peuple palestinien d'exercer son droit à l'autodétermination et à l’établissement de son État indépendant avec JérusalemEst comme capitale, aux frontières de 1967, conformément aux résolutions de légitimité internationale et à la solution à deux États approuvée par la communauté internationale.

Nous apprécions le rôle des pays qui ont reconnu l'État de Palestine. Il ne fait aucun doute que ces reconnaissances gagnent en importance morale car elles envoient un message selon lequel la violence et l’excès de violence ne parviennent pas à liquider une cause juste comme celle de la Palestine. Nous exhortons le reste des pays à reconnaître l'État de Palestine.

 

Croyant que l'instabilité ne connaît pas de frontières et que l'humanité a un destin interdépendant, l'État du Qatar a poursuivi ses efforts diplomatiques pour contribuer à résoudre d'autres crises telles que la guerre en Ukraine et les guerres en Afrique. La persévérance dans ces efforts avec nos partenaires sur le continent africain a abouti à des mesures qualitatives vers l'établissement de la paix, notamment la signature de la Déclaration de principes à Doha entre le gouvernement de la République démocratique du Congo et L’Alliance Fleuve Congo /Mouvement du 23 mars, en soutien à une voie mené par les l'États-Unis à un accord de paix global à l'Est du pays. L'État du Qatar restera un partenaire actif dans la communauté internationale pour résoudre les différends par des moyens pacifiques et saisir les opportunités de paix mondiale.

 

Honorable Audience,

Certains pays de notre région souffrent encore d'un manque de stabilité et de sécurité, mais certains développements positifs sont prometteurs.

Depuis la fin de l'année dernière, la Syrie, pays frère, a été témoin d'une nouvelle étape, qui, nous l'espérons, sera le début d'une démarche vers la réalisation des aspirations du peuple syrien pour la stabilité, le développement et l'état de droit, et ce après qu'une page sombre de l'histoire de leur pays ait été tournée. Le Qatar s'est tenu aux côtés du peuple syrien tout au long des dernières années, et je rappelais sa cause depuis cette tribune, même lorsqu'elle semblait avoir été retirée de l'agenda politique international.

La communauté internationale doit profiter de l'occasion actuellement disponible pour se tenir aux côtés de la Syrie pour surmonter avec succès cette transition et avoir une vie normale pour les Syriens après des décennies de souffrance. L'expérience dans d'autres pays arabes nous a appris que l’instauration d'institutions étatiques ainsi que la consolidation de les relations entre l'État et le grand public sur la base de l'égalité de citoyenneté tout en respectant la diversité religieuse, ethnique et culturelle, sont de la plus haute importance à ce stade. L'État du Qatar n'épargnera aucun effort pour fournir le soutien nécessaire à sa sœur, la Syrie. Je suis confiant dans la capacité du peuple syrien à surmonter les difficultés de la phase de transition, à rejeter le sectarisme sous toutes ses formes, la violence et d'autres éléments de discorde, à rejeter l'ingérence extérieure, en particulier les tentatives israéliennes de diviser la Syrie, et à agir comme si les zones au sud de Damas étaient des sphères d'influence israéliennes.

 

Le Liban frère a également été témoin de développements positifs tels que l'élection du président le Général Joseph Aoun à la présidence de la République et de la nomination du Docteur Nawaf Sallam au poste de Premier ministre, ce qui constitue une étape importante vers la stabilisation de la situation dans le pays. L'État du Qatar continue de soutenir le Liban, son peuple et ses institutions et de soutenir l'armée libanaise. Nous soulignons la nécessité de mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité, le retrait des forces israéliennes des positions qu'elle a occupées pendant la récente guerre et d'arrêter leur ingérence dans les affaires intérieures du Liban.

Pour le Soudan, frère, son peuple continue de souffrir d'une crise humanitaire sans précédent, causée par la violence qui perdure.

 Nous appelons une fois de plus toutes les parties à défendre l'intérêt national suprême et à s'engager dans un dialogue inclusif qui conduira à une paix durable, préservera l'unité, l'indépendance et la souveraineté du Soudan et réalisera les aspirations de son peuple en matière de sécurité, de stabilité et de développement. Nous exprimons notre soutien aux efforts régionaux et internationaux pour parvenir à cette fin.

 

Honorable Auditoire,

Doha a toujours été une capitale mondiale qui accueille de grands événements politiques, économiques et sportifs, et un centre qui rassemble les dirigeants et les décideurs du monde entier pour se consulter et formuler des solutions réalistes aux défis mondiaux communs. Nous accueillerons, avec honneur, le deuxième sommet mondial sur le développement social, du 4 au 6 novembre 2025. Nous sommes impatients de vous accueillir lors de cette conférence.

Il ne fait aucun doute que la confiance de la communauté internationale en nous est basée sur un bilan de succès organisationnels obtenu par l'État du Qatar au fil des ans. Sur la base de cet héritage ferme, il a soumis son dossier de candidature pour accueillir les Jeux olympiques de 2036, croyant que le sport n'est pas seulement une compétition, mais un pont reliant les peuples et une plate-forme pour consolider les valeurs de paix et de compréhension. Notre organisation de la Coupe du monde de la FIFA 2022 a prouvé que nous sommes capables de faire de grands événements sportifs une arène pour la communication et le rapprochement entre les différentes cultures.

 

En conclusion,

 l'État du Qatar, bien qu'il se préoccupe de l'ampleur des défis auxquels la communauté internationale est confrontée, réaffirme son engagement indéfectible à rester fidèle à ses obligations de défendre la vérité, de construire des ponts de paix et de promouvoir la justice dans les relations internationales.

 

Merci, et que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient sur vous.

À propos de
l’Amiri Diwan

L’Amiri Diwan est le siège du gouvernement de l’État du Qatar. C’est l’organe souverain et le bureau administratif de Son Altesse le Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Il sert de lien entre Son Altesse et l’ensemble des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux internes et externes. Parmi ses multiples tâches et responsabilités, l’Amiri Diwan tient S.A. l’Émir informé des développements les plus importants aux niveaux local et international, lui soumet des projets de loi et autres instruments législatifs pour examen et approbation, et transmet ses instructions aux autorités concernées.