16 septembre 2025
Discours de Son Altesse Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani Émir de l'État du Qatar Sommet arabo-islamique extraordinaire
Au nom d’Allah, le Très Clément, le Très Miséricordieux
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Mes frères Majestés, Présidents et Altesses
Honorables et Éminents participants,
Que la Paix, la Miséricorde et les Bénédictions d’Allah soient sur vous.
Soyez les Bienvenus chez vous à Doha et je vous remercie pour votre interaction et votre approbation à l’appel urgent pour la tenue de ce sommet.
La capitale de mon pays, Doha, où se tient ce sommet, a été la cible d’une attaque traîtresse qui a ciblé l’une des résidences où demeurent des familles de la direction politique du Mouvement « Hamas » et de sa délégation aux négociations. Cela s’est produit dans un quartier résidentiel abritant des écoles et des missions diplomatiques. Six martyrs sont tombés à la suite de cette agression dont un citoyen qatarien, agent des Forces de Sécurité Intérieure. Dix-huit autres personnes ont été blessées.
Les citoyens et résidents de ce pays paisible ont été surpris et le monde entier choqué, non seulement parce que cette agression constitue une violation flagrante et grave de la souveraineté d’un État, et un piétinement des conventions et normes internationales, mais aussi en raison des circonstances particulières qui entourent cet acte terroriste lâche.
Le Qatar, situé à des milliers de kilomètres de l’endroit d’où ont décollé les avions agresseurs, est un État de médiation, déployant depuis deux ans des efforts acharnés pour parvenir à un règlement qui mettrait fin à la guerre meurtrière et destructrice menée contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza — une guerre qui s’est métamorphosée en génocide — un accord qui aboutirait ainsi à la libération des otages israéliens.
Doha a accueilli, durant ces négociations, des délégations du Mouvement «Hamas» et d’Israël. Et la médiation a effectivement permis — grâce à la coopération avec l’Égypte sœur et les États-Unis d’Amérique — la libération de 135 otages en échange de deux trêves en 2023 et 2025, ainsi que la libération de centaines de prisonniers palestiniens. Pourtant, Israël a perpétué la guerre.
Et nous avons poursuivi la médiation dans l’espoir de parvenir à un cessez-lefeu permanent, à la libération de tous les otages, au retrait d’Israël de la bande de Gaza, à l’entrée de l’aide humanitaire, et à la libération des prisonniers palestiniens.
Lorsque l’attaque traîtresse a eu lieu le 9 septembre de cette année, la direction politique du Hamas était en train d’étudier une proposition américaine qu’elle avait reçue de notre part et de la part des Égyptiens. Il est clair qu’Israël — qui était censé être l’autre partie aux négociations, du moins dans le cadre de cette médiation — savait que cette réunion se tenait dans un lieu connu, fréquenté par des diplomates, des journalistes et d’autres. Israël a décidé d’assassiner des négociateurs penchés sur l’étude d’une feuille de route américaine afin de préparer la réponse palestinienne.
Avez-vous jamais entendu de telles choses auparavant ? Un État œuvrant de manière systématique et continue à assassiner les mêmes responsables politiques avec lesquels il négocie, et attaquant le pays médiateur où se tiennent ces négociations.
Si Israël voulait assassiner la direction politique du Hamas, alors pourquoi négocierait-il avec elle ? Et s’il souhaitait négocier la libération des otages, alors pourquoi assassinerait-il tous ceux qui pourraient mener les négociations avec lui ? Et comment pourrions-nous accueillir des délégations israéliennes dans notre pays pour des négociations, alors que ceux qui les envoient prévoient de bombarder ce pays ?
Ces questions n’attendent pas de réponse, mais elles clarifient pourquoi nous disons, avec force, que cette agression est en réalité une agression flagrante, traîtresse et lâche. Il est impossible de traiter avec un tel degré de malveillance et de perfidie. Car il existe des principes simples et élémentaires dans les relations humaines. Et même ceux dotés de la sagesse et du courage nécessaires pour entreprendre ce que nous entreprenons, ne peuvent imaginer qu’il existe des gens qui n’y prêtent aucune attention et pour qui ils ne signifient rien.
La deuxième évidence, pour quiconque ayant de la perspicacité, est que celui qui œuvre avec persistance et méthodologie à assassiner la partie avec laquelle il négocie, entend faire échouer les négociations. Et lorsqu’il prétend que son objectif est la libération de ses captifs, cela signifie que sa prétention est fausse. Ainsi, la libération de ses soldats et de ses citoyens n’est pas sa priorité, et les négociations, pour lui, ne sont qu’une partie de la guerre — une tactique politique accompagnant la guerre, et un moyen de tromper l’opinion publique israélienne. Lorsque son opinion publique le met sous pression, il envoie une délégation pour négocier d’une main, et pour saboter les négociations de l’autre. Tel a été jusqu’ici son mode opératoire.
Si arrêter la guerre était le prix à payer pour libérer ses otages, alors il ne les veut pas. Ce qu’il veut réellement, c’est rendre Gaza inhabitable, en préparation au déplacement de ses habitants. Il croit en ce qu’on appelle le Grand Israël, et exploite l’opportunité de la guerre pour élargir les colonies, modifier le statu quo dans l’Esplanade des Mosquées, renforcer les restrictions sur la population de Cisjordanie et prévoir l’annexion de certaines de ses parties.
Le gouvernement israélien croit qu’il place les Arabes devant le fait accompli à chaque fois, puis les conduit à de nouveaux faits afin qu’ils oublient les anciens et négocient les nouveaux.
La troisième évidence montrée par cette attaque traîtresse contre notre souveraineté est que le Premier ministre israélien, qui se vante d’avoir changé le visage du Moyen-Orient au cours des deux dernières années, entend véritablement qu’Israël intervienne où et quand il le souhaite. Il rêve que la région arabe devienne
une sphère d’influence israélienne. Et c’est une dangereuse illusion.
Le gouvernement des colons extrémistes veut que l’envoi de l’aviation israélienne pour bombarder les pays de la région devienne une affaire routinière.
Au Liban, l’acceptation par le gouvernement libanais d’une feuille de route américaine est suivie de bombardements et d’assassinats, et Israël cherche à l’entraîner dans une guerre civile pour mettre fin à ses agressions. Quant à la Syrie, ce Premier ministre déclare ouvertement qu’il n’y a pas de négociation sur le Golan occupé, et parle et agit comme si les régions au sud de Damas étaient pratiquement des zones d’influence israélienne, travaillant ainsi à la partition de la Syrie. Nous sommes confiants que ces desseins ne passeront pas.
Honorables et Éminents participants,
Israël prétend être une démocratie entourée d’ennemis, alors qu’en réalité il construit un régime d’occupation et d’apartheid hostile à son environnement, et mène une guerre d’extermination au cours de laquelle des crimes ont été commis, sans respecter aucune ligne rouge. Son Premier ministre a déclaré, il y a quelques jours, qu’il avait empêché l’établissement d’un État palestinien, et qu’un tel État ne sera pas établi à l’avenir. Il est hostile à l’Autorité palestinienne, et s’oppose aux accords qui ont fondé cette Autorité. L’Autorité palestinienne est-elle hostile à Israël ?
Deux États voisins ont signé des accords de paix avec Israël et les ont respectés, et deux autres États restent attachés à l’Initiative de paix arabe et recherchent un règlement permettant le recouvrement de leurs terres occupées. Si Israël avait accepté l’Initiative de paix arabe, il aurait épargné à la région et à lui-même d’innombrables tragédies. Mais il refuse non seulement la paix avec son environnement et veut lui imposer sa volonté. Et quiconque s’y oppose, dans sa propagande mensongère — que plus personne ne croit désormais — est soit un terroriste, soit antisémite, alors même que le gouvernement des extrémistes en Israël pratique des politiques terroristes et racistes.
Chacune de ces trois évidences mérite que nous ne nous contentions pas de tenir un sommet extraordinaire, mais que nous devions prendre des mesures concrètes pour faire face à l’état de folie de puissance, d’arrogance et de soif de sang dans lequel est tombé le gouvernement israélien, et aux conséquences qui en découlent et continuent d’en découler : premièrement, la persistance à poursuivre
la guerre d’extermination, le déplacement et l’expansion coloniale en Palestine ; deuxièmement, l’ingérence flagrante dans la souveraineté des États arabes ; et enfin, troisièmement, l’agression traîtresse contre mon pays paisible — artisan de paix et qui a consacré sa diplomatie à la résolution pacifique des conflits, et qui reçoit partout appréciation et respect.
De notre côté, nous sommes déterminés à faire tout ce qui est nécessaire, et permis par le droit international, pour préserver notre souveraineté et affronter cette agression israélienne.
Je vous souhaite de nouveau la bienvenue, et vous remercie encore une fois. Je souhaite également à ce sommet plein succès dans la prise de mesures pratiques et décisives qui satisfassent nos consciences et nos peuples.
Que la Paix, la Miséricorde et les Bénédictions d’Allah soient sur vous.