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Discours de Son Altesse l’Émir à la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies

Au nom d’Allah, Le Clément, Le Miséricordieux

Votre Excellence, Monsieur le Président de l’Assemblée Générale,
Votre Excellence, Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Honorable Audience,
Que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient sur vous.

De prime abord, je félicite son Excellence, Monsieur Dennis Francis pour la présidence de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, en lui souhaitant beaucoup de succès. Et j’exprime ma gratitude à son Excellence, Monsieur Csaba Korosi pour ses efforts lors de la présidence de la soixante-dix-septième session. Je salue les efforts que fournissent son Excellence, Monsieur António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, et le personnel des Nations Unies en vue d’accomplir ses nobles objectifs .

Permettez-moi tout d’abord de présenter mes sincères condoléances à Sa Majesté le Roi Mohammed VI et au peuple marocain frère pour les victimes du tremblement de terre dévastateur. Je présente également mes condoléances au gouvernement et au peuple de l’État frère de Libye pour les victimes des inondations dans ce pays. Nous demandons à Dieu tout-puissant un prompt rétablissement pour les blessés et que les défunts soient comblés par sa miséricorde. J’affirme notre entière solidarité avec eux dans cette tragédie.

Monsieur le Président,
Allah nous a gratifié de vivre dans une époque de progrès rapide et sans précédent dans laquelle l’esprit d’innovation prévaut dans les domaines de la médecine, de la technologie et des sciences en général, et dans laquelle la capacité des humains à exploiter les ressources qui permettent de fournir une vie décente pour toute l’humanité s’est multipliée. Les innovations répétées ont conduit à la productivité, au bien-être et à un degré de connectivité humaine qui frôle les visions de la science-fiction.

Alors que cette évolution nous a permis de réaliser de nombreux vœux, cela n’a pas été sans conséquences sur les peuples du monde, sur notre planète et ses ressources. L’espérance et le niveau de vie de la majorité de l’humanité ont augmenté, comme le montre clairement la croissance démographique. Mais les taux de pauvreté et de chômage ont également augmenté, et la prise de conscience du manque de justice dans la répartition des richesses s’est accrue, en plus des graves conséquences sur l’environnement.

Dans des domaines tels que la génétique et l’intelligence artificielle, les possibilités de réaliser le bien-être de toute l’humanité accroissent. Mais l’écart entre le possible et la réalité se creuse également. À l’époque même où ces possibilités apparaissent, des peuples souffrent du travail des enfants, de la faim, du chômage et des guerres civiles ; et des pays développés défendent leurs frontières contre l’afflux de réfugiés fuyant ces souffrances. C’est comme si les peuples de la Terre vivaient dans deux ères différentes.

Le développement accéléré de la technologie et le recours croissant à celle-ci ouvrent des horizons sans précédent à un meilleur développement de l’humanité. Il ne fait aucun doute que la science et la technologie sont la clé pour accroître la productivité et améliorer la qualité de la vie humaine.

Mais glorifier les moyens sans réfléchir de manière responsable aux fins auxquelles ils sont utilisés a conduit à des catastrophes majeures telles que l’utilisation d’armes nucléaires, les expériences dangereuses sur les humains et le génocide dans les camps de concentration.

Il est de notre devoir de suivre le développement scientifique et technique et de l’encourager dans nos pays. Et les barrières entre les pays dans ce domaine doivent être éliminées. En même temps, il est inadmissible d’ignorer l’exacerbation de risques tels que la falsification de la réalité, l’infiltration de la sphère privée des individus, la perturbation du processus éducatif en facilitant le plagiat et le double impact d’une propagande et d’outils visant à tromper les gens.

C’est pourquoi, outre la nécessité de coopérer et d’investir dans le développement de ces techniques, nous renouvelons l’appel à unifier les efforts pour prévenir l’utilisation abusive du cyberespace et réglementer cet aspect vital sur la base des décrets du droit international.

Dans ce contexte, le « Web Summit 2024 » se tiendra à Doha et sa tenue sera une occasion importante pour passer en revue les développements dans le domaine de la technologie, de discuter de ces questions et de créer de nouvelles opportunités de coopération dans le monde de la technologie pour le bienfait de l’humanité toute entière. Et c’est l’occasion de souhaiter la bienvenue à tout le monde à Doha.

Monsieur le Président,
Nous ne devons pas oublier qu’il y a des peuples dans le monde, en particulier dans notre région, qui sont préoccupés par les drames du quotidien et qui considèrent que se préoccuper des questions que je viens de mentionner est une sorte de luxe. Il est de notre devoir, si nous constituons véritablement une communauté internationale, et pas seulement des entités distinctes, d’œuvrer à lever l’injustice dont ils sont victimes, au moins conformément à ce qu’exigent les décisions de cette organisation et à ce qu’exige le droit international.

Il est inadmissible que le peuple palestinien reste prisonnier du caractère arbitraire de l’occupation coloniale israélienne et du rejet des gouvernements israéliens successifs de toute solution politique incluant un niveau minimum de justice conforme aux principes de la légitimité internationale. Vous ne devez pas perdre de vue que l’échec de l’organisation internationale à prendre des mesures contre l’occupation israélienne a fourni, et continue de fournir, une opportunité à Israël de saper les fondements de la solution à deux États par l’expansion et la colonisation, au point que l’occupation ait pris la forme d’un régime d’apartheid au grand jour du XXI -ème siècle. Même certains amis proches d’Israël l’ont remarqué. Israël répond également aux initiatives arabes de paix et de normalisation par plus d’intransigeance et d’extrémisme national-religieux fondamentaliste dans les coalitions gouvernementales et par davantage de colonisation, par la judaïsation d’« Al Quods » par l’attaque des lieux saints, par les abus contre les personnes sous occupation et par le resserrement des vis sur la bande de Gaza.

Le Qatar apporte le soutien politique et humanitaire et l’aide au développement au peuple palestinien frère, et contribue dans la reconstruction de la bande de Gaza qui ploie sous le joug du siège, en plus de sa contribution continue au financement de l’agence de secours aux réfugiés. Le Qatar continue de s’en tenir à sa position de principe sur la justesse de cette question, qui est devenue un test de la crédibilité des hommes politiques mondiaux à l’égard de la région du Moyen-Orient.

Quant à la Syrie, il est inadmissible d’accepter l’injustice flagrante qui frappe le peuple syrien frère comme si c’était son destin. La crise attend toujours un règlement global par le biais d’un processus politique conduisant à une transition politique ,conformément à la Déclaration de Genève 1 et à la résolution 2254 du Conseil de sécurité ,d’une manière qui réponde aux aspirations du peuple syrien et préserve l’unité, la souveraineté et l’indépendance de la Syrie.

Il est regrettable que cette année nous soyons témoins d’une explosion de violence au Soudan, qui a eu de graves conséquences sur le peuple soudanais frère et a exacerbé la crise des réfugiés.

Nous condamnons les crimes commis contre les civils dans la capitale, Khartoum, et dans la région du Darfour, et nous appelons à ce que leurs auteurs répondent de leurs actes. Nous appelons également à l’arrêt des combats, à recourir à la voix de la raison et à épargner aux civils les conséquences des combats. Nous affirmons notre soutien à tous les efforts régionaux et internationaux pour faciliter la cessation des combats, et le dialogue entre les forces politiques soudanaises sur un avenir pour le Soudan avec une seule armée qui protège le pays sans le diriger.

Au Liban frère, où le danger est devenu imminent pour les institutions de l’État, nous soulignons la nécessité de trouver une solution durable au vide politique et les mécanismes pour empêcher qu’il ne se reproduise et de former un gouvernement capable de répondre aux aspirations du peuple libanais et le sortir de ses crises économiques et de développement. Il est regrettable que la souffrance de ce peuple frère perdure en raison de calculs politiques et personnels.

Au Yémen, nous appelons à un règlement de la crise conformément aux résolutions du dialogue national, de l’Initiative du Golfe et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Concernant la question libyenne, nous affirmons notre soutien permanent aux efforts du Représentant spécial du Secrétaire général, Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, et à ses efforts pour obtenir des résultats tangibles pour résoudre la crise libyenne.

Il est clair que la solution dans tous les pays frères que j’ai mentionnés réside dans un consensus sur l’entité de l’État et la citoyenneté.

Concernant la situation en Afghanistan, nous continuons à coordonner les efforts internationaux et à faciliter le dialogue entre l’Organisation des Nations Unies, les pays concernés et le gouvernement intérimaire afghan pour garantir le respect de l’Accord de Doha ,en veillant à ce que les erreurs du passé ne se reproduisent plus. Et afin d’éviter que l’Afghanistan ne sombre dans une crise humanitaire difficile à gérer ou de devenir un refuge pour les individus et les groupes terroristes. Et pour garantir que le peuple afghan reçoive le soutien et l’assistance internationaux dont il a besoin et jouisse des droits de l’homme, y compris les droits des minorités et le droit des femmes à l’éducation et au travail.

Dans le cadre du débat sur notre région, nous renouvelons notre satisfaction face à l’ouverture constatée cette année et représentée par un dialogue constructif et le rétablissement des relations entre chacun des pays frères, le Royaume d’Arabie Saoudite et la République islamique d’Iran ; et entre la République arabe d’Égypte et la République de Türkiye.

Monsieur le Président,
La guerre continue en Europe. Avec la Russie et l’Ukraine, elle draine l’Europe entière. Elle a touché et touche encore le monde entier dans des domaines vitaux comme l’énergie et l’alimentation. En l’absence d’horizon pour une solution politique permanente, et parce que les grands blocs internationaux directement ou indirectement impliqués dans la guerre ont la capacité de la poursuivre indéfiniment, les peuples d’Europe et du monde entier attendent avec impatience une trêve à long terme. Cela ne peut pas constituer la base d’une stabilité à long terme. Compte tenu du préjudice causé aux peuples des deux pays et aux peuples du monde et parce que cette réalité ne peut être acceptée, nous réitérons notre appel à toutes les parties à se conformer à la Charte des Nations Unies et au droit international, à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États et à recourir à une solution pacifique radicale sur ces bases.

Monsieur le Président,
Notre région regorge d’énormes potentiels et d’opportunités, et notre peuple est tolérant, charitable et épris de paix et c’est le fait qui a été déformé par les stéréotypes et les idées préconçues.

Lors de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, l’occasion s’est présentée pour interagir entre les peuples, et au monde de voir notre peuple tel qu’il est et d’en apprendre davantage sur certains aspects de notre culture et de nos valeurs ,ainsi que sur le statut du Qatar en tant que destination mondiale reliant l’Orient et l’Occident. Nous avons mis l’accent sur le rôle du sport à relier et à rapprocher les peuples et les cultures. J’espère que nous avons contribué lors de ce tournoi à briser les stéréotypes et à présenter au monde une nouvelle formule pour des tournois amusants et sécurisés.

Au Qatar ,nous rêvons que notre pays soit l’une des nations prospères dont la population jouit du bien-être et de la prospérité et nous avons mis des décennies de planification et de travail de développement global pour réaliser ce rêve. Nous avons accompli beaucoup de choses, grâce à Allah et à la solidarité de tous, au Qatar.

Si l’investissement dans le gaz liquéfié a été un levier pour réaliser ce rêve, il nous a permis de jouer un rôle important pour relever le défi énergétique mondial avec une vision réaliste qui prend en compte le besoin mondial d’un mix diversifié de différentes sources d’énergie ,et en utilisant les plus hauts niveaux de technologie avancée, en même temps, respectueuse de l’environnement.

Nous sommes conscients que l’exportation d’énergie nous impose des engagements envers les pays du monde en tant que partenaire fiable, et cela nous impose également des engagements envers nos peuples et leurs générations futures. Ainsi, le Qatar continue de développer son fonds souverain et de diversifier ses sources de revenus, notamment en investissant dans les énergies propres. L’État du Qatar suit des politiques respectueuses de l’environnement et soutient divers projets pour le protéger. C’est dans ce contexte que nous hébergeons, au cours du mois prochain, la foire internationale d’horticulture.

Cette responsabilité pousse l’état également à renforcer son rôle dans l’aide humanitaire et dans les efforts de médiation et de résolution des conflits qui affectent notre région .

Le chemin vers la résolution des conflits par des moyens pacifiques est un chemin long et ardu, mais il est moins coûteux que les guerres, et notre engagement à poursuivre nos efforts pour faciliter et instaurer la paix est un engagement de principe, et il est au cœur de notre politique étrangère.

Monsieur le Président,
Nous affirmons notre fierté de notre partenariat avec les Nations Unies et rien de plus évident que l’ouverture de la « Maison des Nations Unies » en présence du Secrétaire général des Nations Unies en mars dernier à Doha ; une maison qui comprend, jusqu’à présent, douze bureaux internationaux.

En mars dernier, mon pays a accueilli la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, considérée comme l’un des forums internationaux les plus importants. Des efforts ont été mobilisés pour atteindre les objectifs ambitieux du Programme d’action de Doha au profit des pays les moins avancés pour la décennie 2022-2031.

Tout en affirmant que l’État du Qatar est un partenaire majeur et actif dans les efforts visant à répondre aux priorités et aux besoins de ces pays, nous saluons la tenue hier du Sommet sur les objectifs de développement durable .Nous sommes heureux que l’État du Qatar joue à nouveau un rôle de premier plan dans les discussions majeures sous l’égide des Nations Unies. Les dernières en dates sont celles de travailler avec l’Irlande pour faciliter les négociations gouvernementales sur la déclaration politique adoptée, hier, lors du Sommet sur les objectifs de développement durable.

Nous voyons que la coopération dans ces domaines contribue à prévenir en amont les vagues d’asile, qui sont devenues un véritable problème pour l’Europe mais aussi pour les pays africains et asiatiques.

Permettez-moi de souligner la nécessité de lutter contre le racisme et les campagnes d’incitation contre des peuples, des religions et des civilisations entières. D’ailleurs, je dis à mes frères musulmans qu’il est inadmissible qu’un imbécile ou une personne partiale nous distraie chaque fois qu’il lui vient à l’esprit de nous provoquer en brûlant le Coran ou en utilisant d’autres méchancetés. Le Coran est trop sublime pour être profané par un imbécile. Allah Le Tout-Puissant a dit : « Faites preuve de pardon, ordonnez le bien et détournez-vous des ignorants. » En même temps, je dis à tous ceux qui justifient ces actes horribles par la liberté d’expression : attaquer intentionnellement le caractère sacré d’autrui ne devrait pas être un exemple de liberté d’expression.

En conclusion,
Il est du devoir des dirigeants d’œuvrer pour permettre à leur peuple de vivre en paix et en sécurité et d’espérer un avenir meilleur pour la génération future. Il existe des obstacles au niveau de la communauté internationale, représentés principalement par l’incapacité de soumettre les désaccords et la concurrence entre les grandes puissances à des principes minimaux contraignants sur des questions qui touchent les différents régimes et concernent l’humanité toute entière, comme le changement climatique, les questions environnementales en général , la pauvreté et l’injustice flagrante représentée par l’occupation ,le racisme et les crimes de guerre.

C’est le consensus qui doit se réaliser ici, au sein de cette organisation internationale, afin que nous ne nous enlisions pas dans les détails et que l’avenir de peuples entiers ne soit pas perdu à cause du refus de ces pays de coopérer dans l’application du droit international.

Que la paix, la miséricorde et les bénédictions d’Allah soient sur vous.